L'absentéisme est un des indicateurs qui permettent d'observer le niveau de stress dans une organisation. En particulier, l'absentéisme de courte durée.
Le grand distributeur CARREFOUR a proposé récemment de mettre en place une "prime d'absentéisme" assise sur un objectif collectif de baisse du taux d'absentéisme au niveau de chaque magasin. Il 's'agit d'une prime annuelle de 100€ brut pour réduire le taux actuel d'absentéisme (ce taux est d'environ 10%).
On peut se poser la question de la motivation de l'instauration de cette prime : logique purement financière ou logique de réduction du stress au travail.
Si c'est pour réduire le stress, le moins que l'on puisse dire, c'est que cette initiative est mal ciblée puisqu'elle ne s'attaque pas aux causes du stress au travail mais à ces effets. Par ailleurs, elle risque de renforcer le stress au travail.
Pourquoi ? A première vue, puisqu'il s'agit d'une prime sur un objectif collectif, on pourrait penser qu'elle va renforcer l'esprit collectif. En fait, c'est très probablement l'inverse qui va se produire.
En effet, des tensions entre les salariés menacent par un effet de stigmatisation de ceux qui seront absents : "tu vas nous faire perdre la prime d'absentéisme" vont s'entendre dire (voir crier) les salariés au retour de leur absence maladie.
Si effectivement l'absentéisme est un indicateur très facilement mesurable du stress au travail, il y en a d'autres un peu moins facilement mesurables : le niveau du soutien social, de l'esprit collectif, des relations entre collègues, ...
Voilà, donc comment une incitation à faire baisser l'absentéisme, non seulement risque d'avoir un effet nul voire négatif sur l'absentéisme, mais est susceptible d'augmenter le stress au travail en dégradant encore plus les relations entre les salariés.